Habitué à flatter nos sens et nos envies, le Festival des Jardins de Chaumont-sur-Loire dévoile cette année les 7 péchés capitaux, en une trentaine de créations offertes au regard. Avarice, colère, gourmandise, envie, luxure, orgueil et paresse nous attendent ainsi au détour du chemin, à travers les visions oniriques et plasticiennes de créateurs qui ouvrent le champ à l’imaginaire. Qu’il est bon de flâner au milieu du péché, surtout quand celui-ci prend des allures de petit paradis. Il faut dire que ce sont 30 créations internationales, réalisées par des artistes avant-gardistes qui font feu de tout bois pour régaler nos sens ! Comme toute création artistique, les œuvres présentées nous touchent plus ou moins, selon la direction prise par les auteurs ou notre humeur du moment. Mais il est clair que la découverte de tous ces travaux est un jeu de piste particulièrement agréable, et il est bon de découvrir chacune d’elles au gré de nos pérégrinations. Impossible d’en faire le compte rendu exhaustif en seulement quelques pages, mais l’invite à la promenade est motivée par le plaisir trouvé lors de cette visite. Et puis la gourmandise visuelle est-elle vraiment un péché ?
Valorisé par la splendide vue sur le château, le Domaine de Narcisse est un grand miroir d’eau perdu dans la végétation. Les nuages s’y montrent au premier regard, mais les plus tenaces y verront un jardin aquatique caché derrière le miroir, juste sous la surface. Design : Carlotta Montefoschi, Niccolo Cau, Luigi Rebecchini, Francesco Jacques Dias et Ricardo Walker Campos
Conçu comme un parcours initiatique, ce jardin regroupe les 7 péchés capitaux au fil de l’eau. Les retrouver est un vrai jeu, et la cascade figurant la colère est extrêmement apaisante. Design : Adrian Lachoux, Gregory Burrows et Odile-Marie Tombarello
Inspiré par un mythe maori de Nouvelle-Zélande, ce jardin conte la colère et la jalousie de deux volcans “masculins” amoureux de la belle Tangariro, volcan considéré comme “féminin”. On circule autour de volcans fumants et de plantes tropicales, dans une ambiance magique au cœur de laquelle il fait bon flâner. Design : Grégory Dubu et Rozenn Duley
Ce jardin nous conduit vers le purgatoire, entre désir du bien et fuite s’il est considéré comme un mal. Le confessionnal au centre du jardin montre le ciel dans un miroir, et des fleurs colorées qui contrastent avec le noir des gravillons et piquets de bois à l’extérieur. Design : David Seiter, Elodie Egonneau, Cecil Howell et Koung Jin Cho
Ici, le visiteur est Dieu, et les poules représentent l’homme, qui gaspille et consomme sans vergogne ce que leur créateur leur offre. Le jardin d’Eden est tout proche, mais les volatiles s’en moquent, chapardent, gaspillent et détruisent. Au-delà du mythe, on y apprécie les poules originales et l’agencement du poulailler en cagettes recyclées. Design : Jean Dubus, François Genouvrier, Samuel Robinne et Slim Ben Lassoued
Suivez ce chemin qui serpente au milieu des péchés que vous propose le monde, et ignorez les fruits défendus de la beauté. C’est la voie proposée par les auteurs de ce jardin d’Eden, dont les étudiants de l’ENSP Versailles. Design : Sophie Lheureux, Rémi Séris, Agnès Jacquin, Andreas Blanchardon et Andréa Cloche, Alice Roussille
Basé sur la fable Le Chêne et le Roseau de La Fontaine, ce jardin serpente au milieu des plantes aquatiques, et vous fait traverser des arceaux, qui symbolisent le tronc du chêne tombé. L’ensemble est visuellement très plaisant. Design : Romain Bardin, Manon Chevalier et Antonietta Masillo
Au diable l’avarice et les avaricieux ! Pourtant, ce jardin d’Arpagon est particulièrement original, avec son trésor caché dans la végétation, et sa petite hutte pour l’admirer en silence. Design : Camille Luquet, Caroline Leroux et Céline Klipfel
Ce curieux paradis inversé dénonce les comportements humains, qui saccagent et polluent le jardin d’Éden que fut la Terre. L’endroit est une réussite visuelle, mais on peut être incommodé par les odeurs tenaces de caoutchouc (pneus hachés). Design : Arie Van Der Hout et Richard Van Den Berg
Et si le péché était une formidable source de créativité et d’énergie ? Telle est la proposition de l’artiste, qui invite à se questionner sur la condition humaine, et à se baisser pour chercher dans les failles les moteurs de la vie. En tout cas, le végétal a conquis l’espace laissé libre, et l’ambiance est très sauvage. Design : Ana Morales
Une série de bascules en bois noir symbolisent le choix entre bien et mal qui accompagne toute décision. Le chemin central semble s’en affranchir en allant droit au but, qui semble être le jardin d’Éden, mais chaque bascule reste alors dans sa position, ce qui amène à regarder en arrière pour peser toutes ces décisions. Très apprécié du jeune public ! Design : Simon Kitchin et Hwang Hay Jounet
Inspiré librement par le travail de Botticelli sur La Carte de l’Enfer, ce jardin affiche les péchés capitaux sous forme de lignes qui se dilatent en îlots curvilignes. Chacun est traité avec des matériaux différents. Design : Olivier Foucher et Jonas Lechat&Thomas
7 figures pour 7 péchés capitaux, guidé par un avare qui trace sa route en entassant ses possessions regroupées autour de lui. De la zone sèche à la zone humide, ce chemin sinue de manière très plaisante au milieu d’une végétation agréable. Design : Pierre-Alexandre Risser, Vincent Vallée, Christine Noiville et Jasmina Davie