Le talent n’attend pas le nombre des années… Cet adage bien connu trouve une formidable illustration avec cette réalisation signée d’Alexandra Froggatt, une jeune architecte paysagiste britannique. Tant pour le choix des matériaux, des végétaux, des formes de la structure de cette création mais plus encore pour la réinterprétation contemporaine d’un jardin dédié à la méditation, elle est parvenue à faire œuvre d’originalité. Elle renouvelle en effet complètement le genre. Véritable cocon, ce tout petit jardin peut parfaitement trouver refuge dans l’espace d’une terrasse enclavée, dans un univers très bétonné. Avec le choix des tons clairs et pastel pour les végétaux, le bois blanchi ou le béton, l’ensemble apparaît plein de gaieté et apportant de la lumière dans un environnement urbain un peu triste. Évidemment, le point d’orgue, c’est cette fontaine constituée à partir de cette succession de colonnes verticales inversées. De ces six blocs de béton s’échappe l’eau en cascade qui plonge dans un joyeux brouhaha. Le bruit de la chute d’eau est d’autant plus marqué que la hauteur est élevée.
Le mur végétal se détache avec la couleur vert argenté des Carex comans ‘Frosted Curls’, qui dure toute l’année même si l’hiver ils se parent d’une teinte légèrement cuivrée. Avec leur aspect retombant, ils ont l’avantage de bien couvrir l’ensemble de surface de la façade.
Parfaite harmonie des couleurs, la paysagiste Alexandra Froggatt a usé de nuances uniquement pastel tant du côté des matériaux que de la végétation. De part et d’autre de l’allée centrale qui mène à la terrasse, deux massifs se font face. À gauche : Nepeta ‘Sweet Dreams’, Athyrium niponicum (fougère). À droite, massif de vivaces : Geranium ‘Rozanne’, Campanula lactiflora ‘Loddon Anna’ (campanule laiteuse), Deschampsia cespitosa (canche cespiteuse)…
” Prime de l’originalité pour cette pergola, en déclinaison contemporaine, d’où l’eau chute avec plus ou moins de fracas. “
L’aspect brut des matériaux (le bois, le béton) trouve un écho bienveillant dans la végétation aux allures champêtres qui égaye ce petit cocon. Une douceur sans égal transpire de ce lieu, accentué par les tons pastels des fleurs, le gris clair de l’ossature béton et le bois blanchi…
Ce sont des planches de bois de récupération qui ont été blanchies préalablement pour être employées en bardage de la façade en arrière-plan.
Les deux tabourets qui trônent sur la terrasse ont été pareillement traités et blanchis à l’instar du bois en guise de bardage.
Bois et béton font bon ménage au point de constituer les matériaux de base de la construction de la terrasse.
Derrière cette paroi vitrée, en verre recyclé et à la couleur strictement identique à celle de l’eau du bassin, est dissimulé un système d’éclairage à base de lampes Led qui a pour double avantage de durer très longtemps et de très peu consommer d’électricité.
Quand sa terrasse ou son jardin est noyé dans le béton d’un univers urbain, l’astuce consiste à s’isoler au mieux et à recréer une ambiance champêtre relaxante.
La structure en béton enjambe et encadre l’ensemble de la terrasse. Dans le massif fleuri, dominé à droite par un bouleau pleureur (Betula pendula), on relèvera la présence de Deschampsia cespitosa (Canche cespiteuse), Geranium ‘Rozanne’, Tiarella cordifolia (Tiarelle cordifoliée), ou encore Astrantia major (Grande astrance) que l’on apprécie particulièrement pour la durée de leur floraison colorée. Autant de végétaux qui concourent à cette ambiance de couleur relativement uniforme et qui confine dans les tons pastel.
Ce bouquet de campanule laiteuse (Campanula lactiflora ‘Loddon Anna’) apporte une touche de couleur prolongée puisque la floraison perdure bien au-delà de l’été, de juin jusqu’à octobre. Cette vivace au feuillage caduc qui a l’habitude de pousser dans des prairies ou des endroits rocheux ou rocailleux produit des fleurs qui vont du bleu clair au rose ou au blanc. Elle apporte une touche champêtre bienvenue dans un îlot urbain.
Cette vivace couvre-sol, Tiarella cordifolia (Tiarelle cordifoliée), a l’avantage de pousser rapidement et d’offrir un feuillage semi-persistant qui vire au vert rougeâtre à l’automne. D’avril à juin, une profusion d’épis de 10 à 30 cm de hauteur s’érige et arbore des fleurs blanches.
La présence de la digitale Gant de Notre Dame (Digitalis purpurea ‘Sutton’s Apricot’) concourt au dépaysement car il est plus courant
de la croiser en lisière de bois ou dans des clairières un peu partout en France, jusqu’en moyenne montagne. À noter qu’il s’agit d’une plante médicinale bien connue, qu’il ne faut absolument pas ingérer compte tenu de sa toxicité.
Tout en légèreté et en blondeur avec ses hampes, cette graminée, canche cespiteuse (Deschampsia cespitosa) apporte de la douceur et accompagne merveilleusement les fleurs un peu sauvages qui l’entourent.