L’ÉDITO
LE CENTENAIRE DE LA FIN DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE n’est évidemment pas un événement comme un autre. En premier lieu, parce que dorénavant les derniers Poilus ont disparu. Nous avons tous le devoir de se rappeler. Plus de 1,4 million de morts français mais combien de blessés, de gens meurtris. Combien de destins brisés, de « gueules cassées » ? Le xxe siècle s’est ouvert par un cran de plus vers la barbarie. N’oublions pas que cette guerre représente aussi une première étape de cette mondialisation, si décriée, si honnie parfois. Le lien avec le jardin ? Tout simplement l’occasion de saluer la formidable initiative de la région des Hauts-de-France qui a souhaité confier à des architectes paysagistes du monde entier de travailler sur la création de jardins, d’espaces paysagers renouvelant le décor. Les Jardins de la Paix, tel est le nom de cette magnifique initiative dont nous nous faisons l’écho dans ce numéro et que nous vous relaterons plus complètement ultérieurement. On précisera que le hasard veut que l’une des paysagistes dont nous publions un jardin à Auckland a officié pour ce défi : Xanthe White, paysagiste néo-zélandaise, réalise un jardin implanté à Le Quesnoy en l’honneur des troupes néo-zélandaises venues participer à la libération de notre pays. Car trop souvent, on l’oublie, c’est par deux fois que notre territoire a dû être libéré du joug de l’occupant. Par deux fois, des hommes, des femmes sont venus, parfois de l’autre bout du monde, de tous les continents, pour que nous vivions dans un pays libre au risque de sacrifier leur propre vie.
Créer des jardins, modeler le paysage de ces territoires hier lieux de guerre comme démonstration de la résilience, comment mieux attester du rôle parfois mésestimé ou oublié du jardin dans notre environnement, dans notre quotidien. Oui, le jardin apaise et nous rend heureux. Oui, le jardin est propice au bien-être et donne le goût de l’effort. Et pas seulement notre jardin mais tous les jardins. C’est une formidable invite à visiter le moindre des jardins. En tout cas, on ne saurait trop vous recommander la visite de ces chefs-d’œuvre tout à fait exceptionnels. Bien à vous !