Installés à Saint-Paul, dans l’Oise, à quelques kilomètres de Beauvais et de Gournay-en-Bray, Marie-Thérèse et André Van Beek ont décidé, il y a quinze ans, de transformer une propriété familiale d’un hectare et demi en paradis. Inspiré par le talent de coloriste d’André, qui est un peintre réputé, le couple a réussi au-delà de toute espérance. Leur jardin, ouvert au public depuis 2005 et labellisé Jardin Remarquable, se visite du 15 mai au 15 octobre les après-midi des vendredi, samedi, dimanche et lundi. Cette palette vivante et colorée est savamment composée par l’artiste qui y puise des sujets d’inspiration dans des compositions très fleuries, qui se renouvellent au fil des saisons. Nous vous proposons une visite de fin d’été, mais le jardin est tout aussi ravissant, bien que fort différent, au printemps et en automne. Le trait marquant de ce jardin est sa générosité qui ne nuit jamais à l’harmonie. Tout y semble si bien en place, comme évident, que l’on peine à imaginer que le couple Van Beek réalise tout de concert et sans aide extérieure. L’œuvre magistrale de passionnés dont l’opiniâtreté n’a d’égale que le talent.
Dans ce jardin très vivant, ondoyant de plantations généreuses hautes en couleurs, les grands bassins font office de respiration. Ils dégagent la vue, apaisent le regard et invitent à la contemplation paisible d’un lieu magique.
L’eau est omniprésente dans le jardin Van Beek et toutes les plantations s’organisent le long des berges et aux alentours. Toute la subtilité de la composition paysagère tient dans l’impression de naturel que dégage chaque scène. Ensuite, c’est l’appréciation du jardinier qui fait le reste, sécateur en main, pour limiter, dans de justes proportions, les velléités conquérantes de la végétation.
Le nénuphar (Nymphaea), cette plante emblème du jardin aquatique se caractérise par ses feuilles rondes posées sur l’eau et ses fleurs qui s’ouvrent vers 10 h du matin pour se refermer vers 16 ou 17 h. Parmi les quelque 200 variétés existantes, il y en a pour tous les bassins. Les nains se contentent d’une profondeur d’eau de 30 cm, les plus grands appréciant que leur pied soit immergé sous 80 cm. Toujours en plein soleil bien sûr.
Quel que soit l’endroit où le regard se pose, le jardin Van Beek est composé comme un tableau. Des lignes de fuites, des variations de volume et surtout des éclats colorés comme ici avec les dahlias et en arrière-plan les asters. Les tonalités ne sont jamais agressives et pourtant les couleurs les plus toniques sont toujours présentes.
Tandis que le liquidambar rougeoie comme un point d’orgue, Heptacodium mikanoides (à gauche) joue les retardataires avec sa floraison en étoiles blanches qui se prolongera jusqu’en novembre.
“1 500 dahlias, 200 nénuphars, 300 hortensias, 50 rosiers et des fleurs par milliers.“
Maîtrisant la couleur avec une grande subtilité dans ses tableaux, André Van Beek compose les scènes de son jardin dans le même esprit d’harmonie. C’est ainsi que les dahlias cactus plantés à proximité de la barque rose et qui changent chaque année, se déclinent comme dans un nuancier du plus clair au plus foncé.
La barque à fond plat, peinte dans une couleur vive et qui attire le regard vers la rive opposée de la pièce d’eau. Une respiration visuelle.
Le charme suranné du saule pleureur (Salix babylonica) a quelque chose de rassurant et de reposant, tout comme le chêne né naturellement. Ce dernier ombrage une touffe de renouée (Persicaria amplexicaulis) ainsi que des hydrangéas et des hostas.
La perspective sur la pièce d’eau principale donne une vision agrandie de l’endroit car les contours du bassin disparaissent sous la végétation. Une idée dont il faut s’inspirer.
Associant les étoiles d’or à œil noir des rudbeckias avec les nuances vermeil des épis de la graminée (Calamagrostis acutiflora ‘Karl Foerster’), ce massif explose d’intensité juste devant un vieux cerisier. C’est une composition facile à réaliser et qui se renouvelle chaque année, les plantes étant vivaces.
Bordant une double allée dallée et gravillonnée, plusieurs touffes de Sedum spectabile ‘Brillant’ composent une note chaleureuse de juin aux premières gelées. Très attractives pour les papillons et les abeilles, leurs fleurs étoilées rose vif brunissent en vieillissant. Une plante vraiment sans souci.
S’il peut paraître à certains endroits un peu complexe, voire sophistiqué, le jardin Van Beek sait aussi se faire apprécier pour sa simplicité. C’est le cas par exemple de cet arrangement de delphiniums (bleus), dahlias (pourpres) et rudbeckias (jaunes) qui évoque nombre de jardins ruraux bien plus modestes.
Installé sur un dallage en opus incertum de grès, un salon de jardin est agréablement encadré de discrets poteaux en bois, supportant une guirlande de lampes colorées. L’endroit se transforme à la tombée du jour en un espace d’accueil festif. Tout autour sont plantés des dahlias ‘Mystic Ladies’ à feuilles noires.
De très nombreuses plantes vivaces parsèment par groupes le jardin Van Beek, fleurissant jusqu’à la fin de l’été et même au-delà. C’est le cas ici d’Aster frikartii ‘Mönch’, une plante peu exigeante qui atteint 90 cm de haut. Pour obtenir comme ici une touffe opulente, il faut neuf pieds par mètre carré.
Dominant un massif de dahlias cactus, Taxodium distichum var. imbricarium Nutans’, séduit par la densité de son feuillage filiforme qui ressemble à une chevelure. Ce conifère apprécie les sols humides et le plein soleil. En automne, il devient tout doré, puis se dénude, d’où son nom populaire : cyprès chauve.
Semblant émerger d’une forêt de dahlias semi-cactus, un petit pont de bois évoque irrésistiblement le fameux « Bassin aux Nymphéas » de Giverny. Mais ici, il est bleu, celui qu’a immortalisé Claude Monet en 1899 étant vert.
Avec plus de 300 sujets répartis en une cinquantaine d’espèces et de variétés, les Hydrangea, dont les hortensias (Hydrangea macrophylla) sont les arbustes les plus représentés dans le jardin Van Beek. Disséminés ici et là, ils décorent aussi bien les emplacements ensoleillés ou demi-ombragés.
Avec environ 1 500 tubercules plantés au printemps, puis arrachés en automne, les dahlias sont les plantes qui demandent le plus de travail aux époux Van Beek. Mais ils trouvent dans cette plante généreuse, la très large palette colorée qu’ils recherchent et surtout un bel effet de profusion. Ici la variété ‘Ambition’, pourpre foncé.
Aussi réussie que les plus belles mixed-borders anglaises, les massifs de plantes vivaces doivent leur réussite à la plantation en touffes généreuses. Ici Rudbeckia (jaune), Persicaria amplexicaulis ‘Alba’, Verveine de Buenos Aires et asters animent de leur beauté opulente, la fin de l’été.
Les graminées ornementales trouvent aussi grâce aux yeux des Van Beek, telle la plante aux écouvillons (Pennisetum alopecuroides ‘Herbtzauber’) et Calamagrostis acutiflora ‘Karl Foerster’ associés aux asters et aux anémones du Japon.
Né en 1947 de père hollandais et de mère française, André Van Beek est un peintre autodidacte, ce qui surprend lorsqu’on admire la maîtrise technique de ses tableaux. Il s’exprime dans une tendance post-impressionniste non dénuée de modernité. Maîtrisant avec brio l’art de la couleur, il traduit avec justesse et subtilité la délicatesse des nuances colorées qui caractérise les jardins. Il s’inspire principalement du sien et de celui du poète Philéas Lebesgue (1869-1958) situé non loin, à la Neuville-sur-Vault. André Van Beek n’a pas son pareil pour exprimer sur la toile l’ambiance diaphane des brumes et des brouillards qui émergent au petit matin sur le miroir de ses pièces d’eau.
Le jardin du peintre André Van Beek se situe 1, rue des Auges, dans le village de Saint-Paul (Oise), à quelques kilomètres à l’est de Beauvais. Il est ouvert à la visite du 15 mai au 15 octobre du vendredi au lundi, les après-midi à partir de 14 h. Les groupes sont accueillis sur rendez-vous.