Œuvre de deux paysagistes anglais âgés de moins de 30 ans : Monty Richardson et Peter Cowell qui travaillent dans la région de Manchester, cette petite aire de repos s’inscrit dans un espace réduit de 5 x 6 m. En raison de la nature marécageuse du terrain, les concepteurs ont eu l’idée de surélever le dallage sur trois niveaux, en le concevant comme un gué en relief, qui émerge d’une végétation luxuriante.
Totalement imaginé dans les trois dimensions, le jardin s’apprécie dans ses différences de niveaux qui composent un ensemble dynamique et anticonformiste. Au final, on a l’impression de s’installer sur un « patio flottant » qui se laisse allègrement envahir par une végétation conquérante aux couleurs toniques. Ce concept pourrait aussi se reproduire sur une terrasse d’immeuble. Le jardin formerait alors une sorte de belvédère à la position dominante qui permettrait de contempler la ville alentour.
Pour renforcer le caractère déjà naturellement humide du jardin, le mur de pierre s’habille d’un mur d’eau, avec alentour une végétation de terrains frais : Primula vialii, Gunnera manicata, Ligularia stenocephala ‘The Rocket’, Primula florindae, Astilbe, etc.
L’opposition entre la blancheur de la fleur du Rodgersia aesculifolia et le feuillage presque noir du Lobelia cardinalis ‘Queen Victoria’ peut évoquer la lutte entre le bien et le mal et l’opposition de la nuit et du jour. Une symbolique que l’on peut aussi oublier pour profiter plus prosaïquement d’un effet de contraste qui dynamise le massif.
Appelée aussi primevère des marais, Primula vialii apprécie les sols humides et riches en matière organique ainsi que les expositions ombragées. Cette vivace parfaitement rustique élève ses épis coniques jusqu’à 50 cm de haut dans le courant du mois de juin.
Obtenue aux États-Unis en 2010, Heuchera ‘Fire Chief’ fait partie des plantes vivaces les plus toniques. Son feuillage persistant est rouge vif lorsqu’il est jeune, puis il brunit petit à petit. Les minuscules clochettes rose et blanc s’épanouissent de mai à juillet. Une plante sans problème qui apprécie bien les arrosages généreux.
Ressemblant à celles du marronnier, les feuilles de Rodgersia aesculifolia peuvent dépasser 50 cm de diamètre. Cette plante imposante se plaît à l’abri du soleil et du vent, dans un sol riche et profond qui reste humide durant les plus chaudes heures de l’été. Le feuillage disparaît en hiver.
Le feuillage ample de l’aralia du Japon (Fatsia japonica) et la finesse colorée du lin de Nouvelle-Zélande (Phormium tenax ‘Sundowner’) constituent un arrière-plan de choix pour le salon de jardin en résine tressée. Les plantes jouent un rôle efficace de coupe-vent, tout en apportant une note assez imposante dans l’assortiment végétal.
On retrouve ici les deux plantes vedettes de la photo précédente, mais elles sont éclairées par l’Astilbe chinensis ‘Visions in Red’, un cultivar très original par son feuillage finement découpé, presque noir, et ses fleurs vaporeuses rouge intense qui s’épanouissent en juillet et août. C’est une plante qui apprécie les sols acides et demande des arrosages soutenus.
Les plantations très denses s’infiltrent même entre les marches pour donner une impression plus naturelle et de grande générosité.
Posé sur un support en acier traité et patiné, les bandes de dallage en pierre calcaire constituent des paliers successifs surélevés de la hauteur d’une marche (15 cm). La forme en L est originale.
Le cheminement qui aboutit à l’espace détente exprime une vision minimaliste de la conquête de l’absolu que l’on retrouve dans la notion historique des jardins de paradis.
La disposition décalée de chaque mini-terrasse donne l’impression (voulue) d’un gué, comme si elles étaient posées sur l’eau. Les iris du Japon (Iris ensata) aux superbes fleurs violettes peuvent d’ailleurs pousser les pieds dans l’eau. Ils sont accompagnés des étonnants millets à chandelle pourpre (Pennisetum glaucum ‘Purple Majesty’). Sur la droite, un tapis compact constitué de : Heuchera ‘Fire Chief’, Astilbe x arendsii ‘Glut’, Alchemilla mollis et Tiarella cordifolia.