L’ÉDITO
Jamais probablement, l’envie, le besoin, la nécessité de profiter d’un extérieur n’avaient atteint un tel paroxysme. Le moindre recoin ouvert, à l’air libre, est devenu subitement gage d’un lopin de liberté gagnée sur cette aussi subite que violente et durable perte de possibilité de se déplacer au dehors, à son gré. Le choix de certains habitants des villes, parfois radicalement urbains, est venu se heurter à une réalité nouvelle, au point que certains, historiquement réfractaires à l’air de la campagne, y ont trouvé des vertus toutes nouvelles. Le moindre petit balcon s’est transformé en un jardin d’Eden. L’engouement tout aussi subit que l’on a enregistré dans l’immobilier pour des pavillons de banlieue, même le plus banal, illustre pareillement ce changement de paradigme. Le fait de posséder un espace extérieur est devenu un gage de richesse. Dans le même mouvement, on constate une envie presque irrépressible pour une piscine à la maison. L’idée de côtoyer d’autres individus dans une piscine collective ou à la plage semble dorénavant effrayer plus d’un heureux propriétaire de jardin. Le marché de la piscine déjà dynamique enregistre en ce milieu d’année une flambée historique à laquelle les pisciniers ont bien du mal à répondre tellement l’engouement est apparu soudainement. Ce phénomène, comme tous les autres, issus de cette période folle que nous venons de vivre sera-t-il durable ? Bien inspiré celui qui peut le prétendre. Une seule certitude : du plus jeune au plus âgé, nous avons tous touché dans notre être la notion jusqu’alors peut-être un peu théorique de la liberté, datant de nos antédiluviens cours de philosophie de classe de Terminale. Personne ne peut plus ignorer que nous vivions auparavant libres sans en avoir réellement conscience, tel Monsieur Jourdain faisant de la prose. Au nom de toute l’équipe, je tiens à m’excuser pour le retard conséquent dans la parution de ce numéro 25 et à vous remercier chaleureusement de votre patience et de votre compréhension. Initialement prévue le 27 mars, la publication a été repoussée à plusieurs reprises. C’est une décision qui n’a pas été facile à prendre mais nous avons été contraints dans un premier temps du fait de la fermeture de nombreux magasins de presse et, ensuite, par des difficultés liées au système de distribution de la presse et notamment la mise en liquidation judiciaire de filiales de Presstalis chargées de répartir la presse dans plusieurs régions de France. De nombreux lecteurs ont ainsi pu constater, chez leur marchand de journaux, des rayonnages quasiment vides plusieurs semaines durant car, bien qu’imprimés, les magazines n’étaient pas distribués. Espérons que cette douloureuse période pour tout le monde se conjugue définitivement au passé et se range au rayon des mauvais souvenirs. Nous vous donnons rendez-vous le 25 septembre pour le numéro 26. Plus que jamais, bien à vous !