Non, ce jardin n’a pas été photographié lors d’une récente visite à Pompéi et qui aurait été figé par les poussières du Vésuve. Non, il s’agit bel et bien d’un jardin nouvellement créé par Jack Dunckley qui entend rendre hommage à ses augustes prédécesseurs qui concevaient des jardins à l’époque romaine voire même quelques influences de la période hellénistique. Il emprunte d’ailleurs des éléments architecturaux et stylistiques aux uns et autres mais il se situe dans la période contemporaine puisqu’il n’est point question de reconstitution. Il ne cherche aucunement à mimer mais plutôt à faire un clin d’œil au passé et proposer aux jardiniers férus d’histoire de mêler leurs deux passions en réalisant un jardin d’inspiration historique. La présence de colonnes inachevées ou d’un bassin à mosaïque renvoie à ce passé mais également à un jardin italien d’aujourd’hui qui recèlerait de tels trésors du passé.
Tout est soigneusement organisé, toute l’architecture du jardin répond à des règles d’alignement très marquées. Pareillement, arbustes et fleurs sont cantonnés dans des espaces bien délimités. Comme l’atteste, par exemple, la présence renouvelée de buis taillés en haie basse avec une redoutable méticulosité. Pas de mélange ! Voilà un dogme que n’auraient pas renié Trajan, Hadrien…
Au premier plan, un effet champêtre avec le duo de couleurs des Knautia macedonica ‘Melton Pastels’, seule note de (relative) fantaisie qui vient rompre le caractère éminemment ordonné du jardin. Pour le reste, on retrouve, dans ce massif fleuri, une sélection de vivaces : Salvia nemorosa ‘Caradonna’ (sauge), Artemisia ‘Powis Castle’ (armoise argentée), Stachys byzantina (Oreille d’ours) ; en bordure : Campanula portenschlagiana (campanule des murailles).
Il n’est pas question ici de singer un style de jardin de l’époque romaine mais de reprendre quelques ingrédients et de les mettre au goût du jour.
Des colonnes à l’allure inachevée, un bassin dont les parois sont recouvertes de mosaïques, autant d’indices qui nous transportent dans le temps à l’époque de la magnificence de l’Empire romain.
On aime beaucoup cette association entre le lavandin (Lavandula x intermedia ‘Grosso’) et l’armoise argentée (Artemisia ‘Powis Castle’), dont les feuilles vert argenté viennent parfaitement compléter et contraster avec les teintes mauve et rose qui composent le massif.
On ne sait pas vous mais, nous, on a une nette préférence pour cette lavande papillon (Lavandula stoechas) dont le seul véritable défaut tient à sa difficulté à résister au moindre froid. À moins de l’installer en pots, que l’on prendra soin de protéger une fois que la bise sera venue, pas la peine d’espérer la voir prospérer dans nos contrées les plus septentrionales… En association avec Artemisia ‘Powis Castle’ et quelques Knautia macedonica ‘Melton Pastels’.
En lisière des haies basses de buis (Buxus sempervirens), le rappel de couleur lavande est assuré par Nepeta racemosa ‘Walker’s Low’ (Herbe à chat), et le rose par Salvia x superba. et les quelques Allium senescens (Ail d’ornement).
Blanc et mauve, un duo de sauges (Salvia nemorosa ‘Caradonna’ et Salvia nemorosa ‘Schneehügel’) qui va vous assurer une longue floraison, en complément de Nepeta racemosa ‘Walker’s Low’ (Herbe à chat) et de Verbena rigida (Verveine rugueuse).
Plutôt que de n’avoir qu’un long mur de pierre ou, au contraire, une longue haie de charme, cette mixité apporte de la vivacité et comme cette alternance se répète, cela concourt à l’ambiance de ce jardin très architecturé. Bien pratique pour une haie, le charme a l’avantage de nous faire profiter de son feuillage tout au long de l’année.
L’art topiaire trouve ici une illustration sous forme de cône. Dominant le massif fleuri, cet if (Taxus baccata) apporte une note végétale verticale dans ce jardin dépourvu de grand sujet.
“Paradoxalement, bien que très ordonnancé, ce jardin affiche beaucoup de rythme.“
Même si le bassin tout en mosaïque n’offre qu’une très faible profondeur, encore faut-il pouvoir le traverser au sec ! La passerelle en lames de teck emmène vers une allée dallée en pierre calcaire et un massif très répétitif dans lequel se font écho Lavandula x intermedia ‘Grosso’ (Lavandin) et Artemisia ‘Powis Castle’ (Armoise argentée). L’ensemble est dominé par un alignement de charmes (Carpinus betulus) qui ont été savamment taillés en rideau. Plus original, le mur mitoyen en pierres alterne avec une haie pareillement constituée avec du charme. Voila qui donne du rythme et rompt avec la monotonie.