Partant du potentiel que représentent les nombreux matériaux de construction abandonnés ou inutilisés sur les chantiers, la paysagiste Kate Gould a décidé de récupérer les éléments excédentaires ou mis au rebut par les entreprises de bâtiment. Dotée d’un esprit très créatif, elle détourne l’usage premier de ces objets pour les intégrer dans les jardins à des fins tout aussi esthétiques que pratiques. Elle s’est fait aussi une spécialité dans l’aménagement des moindres espaces disponibles en ville. C’est ainsi que cette mini-terrasse mesurant 5 x 7 m, et enchâssée entre des immeubles, a été transformée en une élégante oasis de tranquillité à l’esthétique indéniable.
L’endroit humide, triste et mal éclairé, s’est métamorphosé en un charmant espace de détente généreusement végétalisé. Le jardin, réalisé pour un coût minimum, privilégie les motifs géométriques simples. Il est également conçu pour être apprécié vu du dessus, à partir d’une fenêtre de l’appartement qui dispose d’un balcon.
Planté de fougères (Polypodium), de bugles (Ajuga reptans) à feuillage vert foncé et de lamiers (Lamium ‘Beacon Silver’ grisonnants et à fleurs roses), ce somptueux mur végétal dispose d’un système d’arrosage automatique.
Après avoir structuré l’espace avec de subtiles différences de niveaux, la paysagiste a privilégié le végétal, jusqu’à composer un mur de verdure des plus harmonieux. La ville s’habille de nature pour le plus grand plaisir des jardiniers citadins.
L’habillage d’un mur aveugle a été réalisé à partir de planches d’échafaudage de 2,50 m de long, 20 cm de large et 4 cm d’épaisseur. Caractérisées par leur section ferrée (about ferré en « croco »), elles ont été simplement lasurées pour offrir une tenue aux intempéries durant au moins dix ans. L’arbuste qui accompagne les luzules est un fusain ailé (Euonymus alatus) qui deviendra d’un superbe rouge vif en automne.
Dans un tout petit espace, rien ne doit être négligé. C’est ainsi que des plantations ont même été réalisées sous la banquette avec des plantes qui vivent bien à l’ombre dense : Epimedium x youngianum ‘Niveum’, Dicentra eximia et fougères.
Constituant quasiment un mini-jardin à lui seul, le passage qui mène à l’appartement forme un sas nettement délimité. Sur le côté, les panneaux en verre fumé balisent le chemin, tandis que la pergola, dont la grille métallique rappelle celles qui habillent le sol, forme un encadrement simple mais d’une valeur ornementale indéniable.
La détente étant la vocation première de cette terrasse, un point d’assise était indispensable. Le banc a été réalisé avec des lames de bardage récupérées. D’une épaisseur de 19 mm, elles sont renforcées par des traverses perpendiculaires vissées en dessous. En pin traité en autoclave, elles résistent bien aux intempéries.
La jardinière, fabriquée en dalles de béton, accueille deux plantes de sous-bois : la luzule blanc de neige (Luzula nivea), une cousine des papyrus originaire de nos montagnes et Rodgersia aesculifolia, une plante alpine et de sous-bois chinoise.
Constitué d’un revêtement de gravillons noyés dans une résine d’origine naturelle (type Permeaway archi), le sol de la terrasse peut évacuer en une heure jusqu’à 4 000 l par mètre carré. Ne produisant pas de poussière, il est aussi très confortable.